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Réduire les facteurs de stress du travailleur en freelance

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Depuis une dizaine d’années, la qualité de vie au travail (QVT) est au cœur des préoccupations et fait l’objet d’études de la part de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Lorsqu’on parle de risques psychosociaux, on a souvent tendance à penser immédiatement aux facteurs de stress subis par les salariés au sein de leur entreprise. Or, ce ne sont pas les seuls à subir des situations stressantes et à souffrir de problèmes de santé en rapport avec leur profession.  La réduction des facteurs de stress du travailleur en freelance est un sujet important sur lequel il convient de se pencher.

L’entrepreneur qui travaille en freelance, comme tous les travailleurs, est soumis à de nombreux facteurs de stress auxquels vient s’ajouter la solitude corrélative à cette profession. Cependant, restons optimistes, car selon les chercheurs, son état de santé est généralement meilleur que celui de la moyenne de la population active en France.

Voyons à présent quelles sont les possibilités de réduire les facteurs de stress du travailleur en freelance.

La précarité financière, source principale d’anxiété chez l’entrepreneur indépendant

Précarité financière du travailleur en freelanceSi un salarié n’est pas à l’abri de perdre son emploi en cas de licenciement, le travailleur autonome est souvent confronté à une incertitude sur ses revenus à moyen et long terme. Cette absence de sécurité financière est anxiogène. C’est donc un facteur de stress. Or, l’anxiété chronique présente un risque pour la santé, car ses conséquences ne sont pas anodines (troubles du sommeil, diminution du système immunitaire, douleurs diffuses…).

Cette absence de visibilité financière est ressentie par la plupart des entrepreneurs lorsqu’ils débutent. Au fur et à mesure que les mois passent et que les commandes deviennent récurrentes, la crainte du lendemain sur un plan financier va petit à petit s’estomper, sans toutefois ne jamais disparaître totalement puisqu’elle est intimement liée au statut de l’entreprise individuelle.

C’est cette insécurité de revenus qui arrête beaucoup d’entre nous lorsqu’il s’agit de franchir le pas. Quitter le giron du salariat pour se lancer dans une entreprise individuelle est un pari sur l’avenir et peut donc générer une bonne dose d’anxiété. Heureusement, celle-ci est largement compensée par la liberté conférée par le travail en toute indépendance.

Je serais tentée de vous dire que la peur n’évite pas le danger et que de surcroît elle vous prive de vos moyens. La meilleure façon de réduire ce facteur de stress est de bien préparer votre reconversion et de ne pas lâcher la proie pour l’ombre. On ne devient pas entrepreneur individuel en quelques semaines. Il faut s’y préparer et bien étudier les conséquences de ce choix de vie professionnelle.

Les débuts sont souvent difficiles. Oser démarcher pour trouver des clients, faire un devis, chasser le sentiment de ne pas être à la hauteur. Voilà autant de sources d’anxiété qui guettent chaque novice. Vous passerez victorieusement ces épreuves si vous êtes mentalement bien préparé.

Le démarchage, un facteur de stress pour la plupart des travailleurs en freelance

Le démarchage, facteur de stress du freelanceSi n’avez pas pignon sur rue, pas question de compter sur le chaland qui passe et va pousser la porte de votre commerce. Le client, vous devez aller le chercher.

Pour beaucoup d’entre vous, c’est une source majeure de stress, surtout si vous n’avez jamais fait cela. Pour vous donner un exemple concret, je vais partager avec vous une aventure qui m’est arrivée, il y a bien des années avant que je reprenne mes études et devienne psy.

Je venais d’être licenciée économique, je ne retrouvais aucun emploi dans ma branche et j’arrivais en fin de droits : la situation stressante par excellence. Plutôt que de me lamenter sur mon sort, j’ai consulté les petites annonces sur les journaux gratuits et j’ai trouvé l’opportunité de faire du porte-à-porte. Croyez-moi, c’est la plus dure des écoles de vente.

Vous entrez dans une boutique pour présenter au commerçant un produit qu’il devra acheter, alors qu’il attend le client qui va contribuer à la recette de sa journée ! Après avoir vérifié à plusieurs reprises que j’étais bien garée, que mon véhicule était fermé à clef, que mes lumières étaient éteintes… je me suis enfin décidée à franchir la porte de la première échoppe… J’en suis ressortie peu de temps après avec un paquet. Je n’avais rien proposé donc rien vendu. Par contre, j’avais acheté quelque chose dont je n’avais pas besoin !

Quelques semaines plus tard, je gagnais très bien ma vie et j’étais capable de pousser n’importe quelle porte.

La peur de ne pas être à la hauteur, encore un stress qui guette le travailleur en freelance

le stress de ne pas être à la hauteurJe n’aime pas utiliser l’appellation « syndrome de l’imposteur » pour décrire ce malaise qui vous envahit parfois. Pour une raison simple, c’est que ce syndrome est en fait celui que ressentent de nombreux autodidactes. Très souvent vous avez fait une formation, même si elle n’a pas donné lieu à l’obtention d’un diplôme. Vous êtes donc à votre place et vous n’avez pas à douter de votre légitimité.

Comme dans tous les métiers, il y a de très bons professionnels et des moins compétents, mais à force de persévérance, vous allez tendre vers l’excellence. Vous pouvez remettre en question certains de vos travaux, particulièrement dans les premiers temps, mais à aucun moment vous ne devez penser que vous n’êtes pas à votre place.

Croyez-vous vraiment qu’un frais diplômé d’une grande école de commerce est ultra performant dès les premières semaines de son premier emploi ? Non, il est comme vous, il débute ; il est stressé. Il sait que malgré toutes ses années d’études, il a encore beaucoup à apprendre de ses pairs.

La surcharge de travail, un stress nécessaire lorsqu’on débute une activité en freelance

Trop de travail en même tempsLorsque vous faites vos armes dans une nouvelle activité, il est souvent difficile de vous rendre compte du temps qu’il vous faudra pour effectuer les tâches qui vous sont confiées. Et pourtant, il n’est pas question de refuser la commande d’un nouveau client que vous avez sollicité il y a longtemps et qui se décide enfin à vous faire confiance. Vous allez vous retrouver contraint à travailler plus longtemps si vous avez déjà une ou deux commandes en cours. Ce sont les aléas de ce statut et ce stress est plutôt positif, car il vous dynamise !

L’activité d’un entrepreneur individuel n’est jamais linéaire. Il y a des moments de forte tension qui sont suivis d’accalmie. Vous devez en prendre votre parti. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut aller jusqu’à l’épuisement professionnel (burnout). Simplement, vous devez accepter le travail en dents de scie et savoir vous reposer quand la pression diminue pour recharger vos batteries.

Lorsque vous débutez, vous avez tendance à proposer des délais très courts de peur que le client fuit si vous lui annoncez qu’il devra attendre. Je pense que c’est une erreur. Répondre très vite à un prospect est une excellente chose, mais il faut lui faire comprendre que vous n’êtes pas en permanence au garde-à-vous comme un bon petit soldat.

Cela pour deux raisons. La première est que vous ne pourrez pas être performant sur la durée, si vous travaillez toujours dans l’urgence. La deuxième est qu’accepter systématiquement d’exécuter des travaux dans un délai très court peut être la preuve que votre donneur d’ordre est le seul. Et cela n’est pas bon du tout ! Pas question, pour autant de le faire attendre trop longtemps. Vous devez apprendre à négocier les dates de livraison de vos travaux, sans stresser. Par contre, une fois qu’elles sont fixées, vous devez les tenir impérativement. Prendre du retard dans l’exécution d’une tâche est plus pénalisant que de demander dès le début un délai plus conséquent.

Une difficulté grandissante à gérer sa vie professionnelle de travailleur en freelance et sa vie personnelle

Voilà encore un des facteurs de stress qui perturbe profondément l’entrepreneur indépendant, et plus particulièrement s’il travaille à son domicile. Être sollicité en permanence par les enfants, par son conjoint ou simplement avoir devant les yeux des tâches personnelles qui sont restées en suspens peut vous faire éprouver un sentiment de culpabilité. Vous avez alors l’impression de ne pas consacrer assez de temps à votre famille.

Si vous ne vous organisez pas rapidement, le stress va vous gagner et vous risquez d’être moins performant aussi bien avec vos proches qu’avec vos clients. Ce n’est pas parce qu’on travaille chez soi qu’il ne faut pas respecter des horaires. Imaginez que vous deviez tous les jours quitter votre logement tôt le matin pour ne rentrer que 8 à 10 heures plus tard, en fonction du trajet. Vous seriez donc absent de votre domicile la majeure partie du temps, si on excepte les moments où vous dormez.

C’est à vous de déterminer le nombre d’heures que vous souhaitez consacrer à l’exercice de votre profession. Une fois que vous aurez pris votre décision, répartissez ces heures pendant les périodes où vous savez que vous ne risquez pas d’être dérangé. Pendant ces plages d’activité professionnelle, ne vous interrompez pas pour entreprendre une autre tâche. Rappelez-vous que si vous étiez au bureau, vous ne pourriez pas le faire. Si vous travaillez pendant six heures dans une journée (3 heures le matin et 3 heures l’après-midi) vous constaterez que vous avez accompli autant sinon plus de tâches que pendant 8 h dans un bureau (avec les pauses café, les pauses cigarette et les conversations entre collègues !).

Ne passez aucun appel personnel pendant ce temps (réglez votre téléphone sur veille), ne consultez ni vos mails, ni vos notifications, ni les réseaux sociaux. Tout peut généralement attendre. Faites une pause au bout d’une heure et demie et vérifiez qu’aucun message n’est urgent, puis remettez-vous à la tâche.

En procédant ainsi, vous serez parfaitement disponible pour vos enfants et votre conjoint lorsqu’ils seront rentrés au foyer. Et vous aurez le sentiment du devoir accompli !

La solitude, un facteur de stress pour le travailleur en freelance

le stress de la solitude du travailleur freelanceJe n’ai pas abordé toutes les sources de stress qui guettent l’entrepreneur indépendant, mais je finirai par celle qui est plus particulièrement liée au travail à domicile.

L’homme ne peut pas vivre sans relations interpersonnelles. C’est ainsi que les collègues de bureau occupent une place importante dans la vie d’un salarié. Pour le travailleur en freelance, il est nécessaire de se créer un réseau de personnes exerçant la même profession. Cela présente l’avantage de pouvoir constituer une équipe lorsqu’un client recherche plusieurs intervenants.

Pour réduire le facteur de stress que représente l’isolement, vous pouvez trouver un certain soutien social dans les groupes professionnels constitués au sein des réseaux sociaux. Il est aussi possible de travailler dans des espaces de coworking. Des rencontres peuvent être organisées lorsque l’on demeure à proximité les uns des autres. Si cela n’est pas le cas, il est toujours possible de discuter au téléphone et d’échanger ses doutes et ses espoirs. Attention cependant à ne pas tomber dans la victimisation permanente. Ce statut de travailleur en freelance, vous l’avez choisi en toute connaissance de cause. Des clients mécontents ou qui payent avec du retard, des fins de mois parfois difficiles… tout cela est inhérent au statut d’indépendant. Essayez de partager de préférence vos réussites plutôt que vos échecs.

Pour cela, inspirez-vous de cette belle phrase de l’artiste peintre Wyland, connu pour ses fresques murales représentant des baleines « Il y a deux types d’individus, les amarres et les hors-bords. Vous avez intérêt à larguer les amarres et à vous accrocher aux hors-bords ».

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