Voilà bientôt 55 jours que nous sommes confinés. Pendant toute cette période, nous avons entendu les mêmes injonctions, à savoir nous protéger en restant chez nous. On n’a pas cessé de nous répéter que c’était le seul moyen de limiter la contagion.
La plupart d’entre nous ont scrupuleusement suivi les recommandations et se sont plus ou moins adaptés à une vie de reclus avec son cortège de difficultés. Vivre 24 heures sur 24 dans une proximité permanente avec les siens n’est pas toujours facile et nous avons tous attendu la fin du confinement avec une certaine impatience.
Et voilà que le jour de la « liberté » même si elle est encore surveillée est sur le point de se lever. Or, si la pandémie de Covid-19 nous a fait vivre une période assez anxiogène, l’arrivée imminente du déconfinement n’est pas forcément bien vécue par tous, car elle nous apporte son lot d’injonctions contradictoires.
Que sont les injonctions contradictoires ?
Les injonctions contradictoires sont des demandes qui entraînent une double contrainte. Exemple :
« Ne cours pas, mais dépêche-toi quand même »
« Sois un peu plus spontané, mais ne dis pas tout ce qui te passe par la tête »
Ainsi, dans la situation actuelle, nous sommes tous conscients qu’il faut reprendre le travail et que les enfants doivent être à nouveau scolarisés. Mais, nous savons également que le coronavirus est toujours présent et qu’il n’y a aujourd’hui aucun traitement dont l’efficacité a été scientifiquement prouvée ni aucun vaccin.
Le gros problème de ces injonctions qui sont contradictoires (on les appelle aussi injonctions paradoxales), c’est que quoi qu’on fasse, on a en permanence la désagréable sensation de mal agir. C’est pourquoi les injonctions paradoxales répétées peuvent conduire à l’incapacitation. C’est-à-dire qu’elles finissent par nous paralyser et nous empêcher de prendre une décision.
Ne pas retourner travailler, c’est mettre notre job en danger et si on regarde plus loin, c’est toute l’économie française qui peut se retrouver fortement ébranlée. Mais utiliser à nouveau les transports en commun, remettre nos enfants à l’école, c’est prendre un risque pour notre santé et celles de nos proches. Alors que faire pour sortir de ce dilemme ?
Commencer par accepter que le risque zéro n’existe pas
Tous les jours, nous prenons des risques. Et malgré tout, nous n’y pensons pas en permanence. Nous vivons tout simplement. Quand nous montons dans une voiture, dans un train ou dans un avion, nous sommes conscients qu’il y a un risque et cela ne nous empêche pas de voyager.
Certes, l’arrivée de ce virus émergent est un risque supplémentaire que nous devons gérer. Il demande une adaptation avec le port du masque et la distanciation physique. Mais est-ce vraiment si nouveau pour une partie d’entre nous ? Ainsi quand nous partions dans des pays lointains où certaines maladies sont bien présentes, pour des raisons personnelles ou professionnelles, nous suivions alors toutes les mesures qui nous étaient recommandées.
Devant des injonctions contradictoires, nous devons mettre en place le bon coping
C’est vraiment le moment d’axer tous nos efforts sur la résolution du problème, plutôt que de nous laisser envahir par des émotions génératrices de stress.
Lorsqu’on est confronté à une difficulté, la première des erreurs est de l’ignorer. Ainsi pendant le confinement, on a vu des personnes qui étaient dans le déni de la réalité. Elles étaient soit persuadées que le virus n’était pas si redoutable que cela, soit pour les plus optimistes, qu’elles ne seraient jamais atteintes.
Dans le cas présent, il s’agit de dresser, avec un maximum d’objectivité, la liste des dangers encourus et de répertorier toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Quels sont nos différents moyens de transport ? Est-il possible de continuer à télétravailler une partie de la semaine ? Avons-nous des solutions pour faire garder nos enfants si nous ne souhaitons pas les remettre à l’école ?
En somme, nous devons réapprendre à prendre des décisions en pesant le pour et le contre. Le confinement nous a placés dans une bulle protectrice, mais aussi infantilisante. Aujourd’hui, il nous faut d’abord sortir d’une certaine quiétude pour nous confronter à nouveau aux dangers inhérents à la vie.
C’est en conservant les bonnes habitudes apprises depuis près de deux mois que nous nous donnerons toutes les chances de traverser victorieusement l’épreuve du déconfinement.
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article très enrichissant !
Je ne connaissais pas du tout le principe des injonctions contradictoires.
– Paul