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Manque de reconnaissance au travail | Les conséquences

  • Temps de lecture :9 min de lecture

Dans un précédent article, je vous ai parlé du besoin de reconnaissance tout au long de la vie. Aujourd’hui, j’ai décidé de me pencher sur les conséquences du manque de reconnaissance au travail.

Les composantes de la reconnaissance au travail

La reconnaissance au travail a deux composantes. La première est la reconnaissance du travail accompli sur le plan de son utilité ; elle est généralement formulée par la hiérarchie, mais elle peut l’être aussi par la clientèle. La deuxième est celle de la qualité de la tâche. Elle peut ainsi porter, sur la créativité, sur le respect des règles de l’art dans certains métiers, sur une nouvelle façon d’aborder une problématique, sur une négociation difficile menée à bien…

Ces deux types de validation permettent à chacun de trouver du sens dans son travail et d’être reconnu par les autres comme un élément essentiel qui fournit sa contribution à la réussite de l’entreprise. Cette reconnaissance est d’autant plus recherchée que le poste occupé n’est pas prestigieux ou que les tâches effectuées n’apportent pas un résultat visible sur le plan matériel.

L’importance de la reconnaissance au travail

Selon Jean-Pierre Brun, professeur de management au Canada et expert-conseil :

« La demande de reconnaissance est devenue une composante essentielle de la vie au travail. Elle touche toutes les organisations, privées ou publiques, et toutes les professions, du bas en haut de la hiérarchie. Elle prend la forme de revendications de salaires, de statuts, mais aussi d’une demande plus générale et plus diffuse qui porte sur la personne elle-même, le “respect” et la dignité que chacun estime dus. »

 

La reconnaissance au travail permet d’augmenter l’estime de soi et de renforcer ainsi son identité en trouvant une confirmation de sa valeur dans le regard de l’autre. Elle concourt à préserver la santé mentale, que l’OMS définit comme :

« un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

La reconnaissance au travail est indispensable à la qualité de vie au travail, car elle permet de passer des périodes stressantes en ayant toujours le sentiment de contribuer à la réussite de l’entreprise. Enfin, en augmentant l’estime de soi, elle conforte la confiance en ses compétences et pousse le sujet à ouvrir le champ des possibles dans le domaine professionnel.

Quels sont les comportements qui dénotent un manque de reconnaissance au travail ?

Mise à l'écart

Ils sont nombreux et peuvent malheureusement se cumuler. Parmi les plus courants, on peut citer :

  • le manque d’écoute qui mène parfois à la mise à l’écart, voire à l’exclusion ;
  • un changement de poste qui consiste en fait à un déclassement hiérarchique ;
  • une dévalorisation qui s’accompagne d’humiliations répétées ;
  • un mépris caractérisé de l’autre.

Quels sont les principaux motifs d’un manque de reconnaissance ?

L’augmentation des impératifs de qualité, la surcharge de travail avec une obligation de résultat, des évaluations rapprochées, un manque de compétences non détecté, des formations insuffisantes ou qui ne correspondent pas aux possibilités du salarié sont autant de sources d’un manque de reconnaissance.

À celles-ci s’ajoutent : l’exigence d’être multitâches, de suivre des procédures parfois contraignantes qui limitent la créativité et la difficulté de pouvoir faire preuve de la moindre originalité. Ainsi, selon le rapport Darès n° 37 du mois d’août 2021 :

« 30 % des salariés ont des objectifs chiffrés à atteindre, 45 % sont fréquemment ou toujours tenus de se dépêcher dans l’accomplissement des tâches qui leur sont confiées et 30 % doivent interrompre une tâche pour une autre non prévue. Quant au manque de reconnaissance, il est vécu par 24 % de salariés, toutes catégories socioprofessionnelles confondues ».

Les entrepreneurs indépendants ne sont pas épargnés pour autant ! Ils sont souvent pris dans l’engrenage de la course au prix le plus bas par des clients très exigeants. Leurs devis sont mis en concurrence sans prendre en compte la qualité de leur prestation et ils se trouvent parfois dans des difficultés financières qui les poussent à accepter de travailler à perte, sous peine de mettre la clé sous la porte. Cette situation pénible est rencontrée par de nombreux jeunes entrepreneurs qui doivent faire face à une compétition de plus en plus acharnée.

Le manque de respect des prospects est certainement ce qui fait le plus souffrir ceux qui sont tenus d’établir des devis qui ne sont pas suivis d’une réponse même négative. C’est une situation qui ressemble à celle que connaissent aujourd’hui de multiples demandeurs d’emploi lorsqu’ils envoient leur candidature et qu’ils ont le sentiment qu’elle n’a même pas été lue !

Les effets dévastateurs du manque de reconnaissance au travail

Pour l’entreprise

Le manque de reconnaissance entraîne au bout d’un certain temps un désengagement du salarié qui finit par quitter la société. Ainsi les entreprises qui ne font preuve d’aucune bienveillance envers leur personnel ont souvent un turn-over important. Ensuite, si certains collaborateurs partent en tournant rapidement la page, d’autres peuvent se positionner en tant que détracteurs de la société. Les réseaux sociaux facilitent grandement les propos libérés de toute contrainte et les candidats à l’embauche ont, aujourd’hui, pris l’habitude de se renseigner sur le climat qui règne dans l’entreprise avant de postuler.

C’est aussi un risque pour les clients, car un employeur qui ne respecte pas ses salariés peut avoir un comportement identique vis-à-vis d’eux.

Pour le salarié

Un manque de reconnaissance patent et répété peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé mentale et donc physique du salarié. Les premiers signes sont fréquemment insidieux : des maux de tête, des troubles du sommeil, une difficulté à se concentrer, une anorexie ou une boulimie… Très souvent, le sujet ne fait pas le lien direct avec sa problématique au travail, surtout si elle est concomitante avec des soucis familiaux. Or, plus sa santé se dégrade, moins il est performant dans les tâches qu’il doit accomplir et plus les signes d’un manque de reconnaissance s’amplifient. C’est un cercle vicieux dont il est très difficile de sortir, surtout pour ceux qui craignent de perdre leur travail et de se retrouver au chômage.

Si rien n’est fait pour stopper cet engrenage, les troubles vont s’aggraver, et provoquer des altérations sérieuses de la santé, parfois irréversibles (diminution de la résistance aux infections, hypertension artérielle, diabète de type II, tabagisme, alcoolisme…). En effet, le manque de reconnaissance produit un stress permanent qui oblige l’organisme à s’ajuster en apportant une réponse physiologique. On assiste alors à une suractivation du cortex et des surrénales qui produisent du cortisol et de la corticostérone.

Sur le plan du psychisme, le manque de reconnaissance peut engendrer de l’irritabilité, de l’anxiété ou de la colère et amener à une dépression, voire un burn-out, sujet que j’aborderai dans un prochain article.

Quelles sont actuellement les mesures prises pour lutter contre la maltraitance au travail ?

Aujourd’hui, le manque de reconnaissance au travail est reconnu comme un agissement qui peut aboutir à une altération de la santé physique ou mentale du salarié. On peut donc dire que c’est une forme de harcèlement moral, lorsque des actes ou des propos vexatoires s’ajoutent au manque de reconnaissance. C’est une atteinte à la dignité et aux droits du sujet. Il est également une menace pour son évolution professionnelle.

Or, le harcèlement est un délit qui est puni par la loi (peine pouvant aller jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende).

Pour conclure, et toujours en se référant au rapport Dares, je rappellerai que « les femmes sont plus exposées aux exigences émotionnelles et au manque de soutien social » et qu’il est fait ce constat inquiétant :

« En 2016, au moins 57 % des salariés sont exposés à trois dimensions ou plus de risques psychosociaux et 4 % aux six dimensions à la fois (*). C’est parmi les ouvrières non qualifiées que cette proportion est la plus élevée. Le cumul d’exposition se traduit par un niveau de bien-être psychologique plus bas et des limitations fonctionnelles plus fréquentes, signe d’une santé physique plus dégradée, que le reste des salariés ».


(*) Les 6 dimensions des RPS sont l’intensité et le temps de travail, les exigences émotionnelles, le manque d’autonomie, les rapports sociaux au travail dégradés, les conflits de valeur et l’insécurité de la situation du travail.

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La publication a un commentaire

  1. Cherazade

    Merci pr cet article ! Le manque de reconnaissance est un vrai fléau ! Ce manque peut aboutir à un harcèlement ! Merci pr cet article très intéressant ! 🙂